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mouvement étudiant

26 mars 2004

un, deux, trois grenoble

T'okupation de la Fac Grenobloise
On occupe, On s'occupe, On s'en occupe ? Depuis hier, occupation sans
droit ni titre, rêveusolutionnaire et d'une durée indéterminée de la fac
de Grenoble. Viens planter ta tente, qu'importe ton statut (ça n'existe
pas).


La Fac Grenobloise est occupée (poil à la CGT)

On occupe… On s'occupe… On s'en occupe ?

Suite à l'occupation précédente (novembre-décembre dernier) de la fac de
lettres qui s'inscrivait dans le triste contexte d'un triste « mouvement
étudiant » de plus, contre les quelques réformes de plus, Suite à
l'occupation du théâtre Le Rio (lieu public menacé de privatisation)par
diverses personnes, pas que intermittentes, pour chercher la culture (en
tant que mode d'être ensemble) sous les promesses bouseuses de la Mairie
de Grenoble, Suite à l'occupation, trois mois durant, du parc Paul
Mistral, une lutte contre l'urbanisme pompier, panoptique et triomphant
des énarques aux rênes de la ville, Suite aux occupations diverses et
variées de lieux tous plus vides les uns que les autres, laissés en friche
par la spéculation immobilière, et l'absence de vraie vie partout
ailleurs, qui se poursuivent ici dans moult squats d'habitation et
d'activités (citons les 400 couverts, la Loupiote, le Golgoth-A-XXX
désormais vide, la Flibustière, expulsable…),

La pelouse devant la Bibliothèque en travaux, en face du terminus du tram,
est occupée depuis hier, par un groupe d'individuEs, affranchiEs pour le
coup des figures imposées par la levée d'un « mouvement » classique («
ben, faut être unitaire », « ben, on peut pas montrer aux gen-te-s qu'on
est pas d'accord entre nous… », « ben, vous foutez le bordel… » et autres
joyeusetés), cherche sous la pluie pour le moment à construire une
occupation, lieu de vie, d'invention, de création de situations, de
rencontres…

Contre l'urgence et la réaction systématique aux éterrnelles rengaines
étatiques, nous voulons d'un lieu de vie où se croisent un bon milliard de
bonnes raisons de lutter, d'occuper, et même de mauvaises. Pourquoi
occuper, sans raison précise affichée (« contre les réformes », ou «
contre la hausse des frais d'inscription », « on veut des Mars et des
machines à café ») Parce qu'il nous semble que l'occupation sauvage de
lieux publics ou privés restés en friche, notamment les territoires du
campus, vidés de sens par l'absence de vie, d'idées qui y règne, est plus
efficace qu'un long défilé guignol de badauds enmoutonnés qui rentrent
chez eux au soir pour écouter Rance Inter, regarder Rance 2 et s'entendre
dire qu'illes étaient nombreux. Parce que nous pensons sincèrement que la
création de lieux de vie, zones autonomes temporaires, ponctuelles ou
permanentes est le seul moyen de créer une véritable pratique en lien avec
nos bien belles idées, de les vivre dans une continuité plus cohérente, et
de créer des foyers de révolte, seuls à même d'appeler à l'insurrection
contre l'ennui et le compromis qui nous rongent. Parce que la
réappropriation d'espaces publics que l'on se fait une joie d'autogérer
(même si c'est pas d'la tarte) est à même de créer des dynamiques
libératrices, émancipatrices (tant que nous ne communiserons pas les
espaces publics, ils ne nous appartiendront pas en propre) et joyeuses.
Parce que nous voulons détruire l'Université productive, ses valets
(professeurEs, conseillèrEs d'orientation, et autres bureaucratEs,
autocratEs, et présidentEs) pour construire des lieux autogérés et
populaires d'échanges de savoirs, non destinés à nous employabiliser, mais
bien à nous permettre de choisir consciemment les modes de vie que nous
souhaitons adopter. Parce que, contre l'urgence, nous voulons prendre du
temps, un temps gratuit, non salarié, notre temps, sans nous épuiser dans
un militantisme du désespoir (tractage, manif, pétition, tractage, manif,
pétition, contrôle « citoyen » des faits et gestes des Etats mangeurs de
vie), pour créer de nouvelles formes de lutte, pas forcément fédératrices
(l'union à tout prix, ben c'est toujours les plus cons…sensuels, qui y
gagnent, UNEF, CGT, briseurs de rêves…) mais créatrices, construites sur
des modes de fonctionnement se voulant égalitaires , contre le sexisme,
l'autoritarisme, les lois du plus fort et du plus gueulard qui règnent
dans les Assemblées Générales classiques. Nous pensons qu'un mouvement,
même large, construit sur ces bases poisseuses d'avant-gardisme
réactionnaire et opresseur (3 mecs burnés à la tribune qui jouent leur
popularité) ne nous donnera que de maigres réactions de la part du pouvoir
(retirer une réforme pour la refaire passer par décret ou sous un autre
nom), et une révolution merdeuse, pour « un autre monde » reproduit à
l'identique, mais avec du café équitable tous les matins ( nos poches
percées préfèrent que nous récupérions ce dont nous avons besoin dans les
surplus des poubelles du système et que nous pillions les opresseurs,
contre le chômage et la vie chère).

Nous démarrons juste, et allons installer une tente infokiosk, une zone de
gratuité, une cantine prix libre et végétarienne tous les midis, créer des
ateliers d'action directe, des cabanes un peu partout, du sens. Nous
allons marcher à l'envers, insulter les réactionnaires, boire des tisanes
au gingembre, danser la mazurka. Nous sommes en lutte, entre autres, et
plus pragmatiquement contre la présence policière renforcée à la fac,
contre la création d'un groupe fasciste des Jeunesses Identitaires sur le
campus, contre toute forme de résignation, contre l'idée de nature et pour
des bouleversement effectifs de la vie quotidienne.

Nous donnerons régulièrement des nouvelles sur les différents médias
alternatifs, qui sont les outils d'une information libre, créée par
celleux qui vivent la réalité, non par celleux qui veulent nous la faire
miroiter (médiarques et torchons officiels)…

Une dernière chose, le but de cette occupation n'étant pas l'union, nous
ne signerons pas d'un : LES occupant-es définitif et avarié. Chacun-e a
ses raisons, est capable de les énoncer par ellui-même sans l'influence
malsaine des couleurs politiques ou, berk, apolitiques, dominantes, les
raisons pour lesquelles ilelle décide de décider de sa vie.

Des occupant-es, à Grenoble le 23 mars 2004, nom de Zeus !

Ah oui, et nous apellons tou-te-s cellezéceux, grenoblois-es ou non, à
venir visiter, autogérer, et pourquoi pas occuper cette chouette pelouze
avec nous.



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